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192 LA REVUE LYONNAISE Et vous souples moteurs de l'humaine machine. Fermes soubassements d'une œuvre si divine Instruments du marcher, ô pieds frères germains, Servants alternatifs et singes de nos mains? Après avoir décrit l'extérieur du corps, il décrit rintérieur, et finit par un cri d'admiration devant cette structure admirable qui est au-dessus de toutes les louanges, Qu'aucun discours n'accroist, qu'aucun pinceau n'augmente. Le poète chante ainsi les louanges de l'âme immortelle : Source des facultés, des choses le milieu, Singe de la nature, trucheman de Dieu, Plant divin, grand trésor qu'un petit vase enserre, Qui mesures le ciel sans bouger de la terre ; Si trompé, j'ignorois qu'ayant fait si grand tour, Pour parfournir ma course il reste peu de jour, Et le lecteur lassé jà peut estre regarde Si l'estoile du soir encore ses rais ne darde ; Je ne serois onq saoul de portraire en mes vers De tes rares beautés les ornements divers. Ta mémoire qui tient les trésors de science, Ton acorte, subtile, et haute intelligence, Par qui l'homme peut voir son invisible autheur, Par qui parle aux humains de Dieu l'ambassadeur, Par qui des bonnes mœurs se plante la racine, Par qui le magistrat ses sentences fulmine, Par qui l'homme disert meut les rocs cyrrhéans, Par qui les Arions charment l'onde et les vents, Par qui domptent nos maux les enfants d'Esculape, Par qui des monts hautains Mars les fondements sape, Par qui notre œil prévoit les foudres, les esclats, Ez nuages se mesle, arbitre leurs combats ; Le mortel sçait des airs niveler les estages, Furrette leurs recoins, assiste à leurs orages ; L'astrologue enquereur grimpe sur l'univers ; Le fer anime un marbre et moy mesme ces vers. Je chanteray sans plus, flame dont je m'enflame, Esprit dont je respire, âme, que tu es âme...