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i68 LA REVUE LYONNAISE qui hurlaient dans les environs. L'humidité était trop grande, les inondations trop à redouter, pour avoir attiré nos malheureux ancêtres. Tout porterait à penser plutôt que la première tribu s'établit sur la berge voisine, sur cette cassure de la plaine, cette bordure, ce replat qui court du nord au midi, regarde, au levant, les collines du Rever- mont, et qui, aujourd'hui, a reçu et porte les maisons largement espacées du tranquille village de Malafretaz. Mais cette île ombreuse et cachée n'était-elle pas un admirable champ de repos pour les morts ? Un refuge mystérieux et redoutable pour les cendres des chefs de la tribu ? Quatre poypes s'y élevaient dernièrement; même six, d'après le garde-champêtre de la commune, qui assure que son père les a vues à la fin du siècle dernier; et ici le doute n'est pas possible. Ce devait être des tombeaux. En tous cas, on ne peut y reconnaître ni des constructions guerrières ni des postes d'observation. Ces poypes qui avaient traversé tant de siècles n'étaient peut-être pas les seules de l'île. Dans tous les cas, elles n'ont été ni décrites ni connues d'aucun de nos historiens. Deux ont disparu au commencement de ce siècle, d'après un témoi- gnage en qui nous avons foi. La troisième a été détruite il y a peu d'années. Nous n'en avons reconnu que l'emplacement. Une qua- trième est en voie de démolition.Les deux dernières existent encore tout près, au nord de l'île, portant des baliveaux qui semblent les protéger. Mais les exemples sont contagieux, et peut-être disparaî- tront-elles aussi bientôt. C'est de celle qu'on renversait il y a quel- ques mois que nous allons vous entretenir ici. Par une belle matinée du mois d'août 1884, j'étais sorti de Montrevel avec l'intention de me rendre à Cras, riche village, où je devais admirer un immense tilleul, connu des artistes, une des merveilles de la Bresse.