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LA VIE ET LES OPINIONS DE CHRISTOPHLE DE GAMON IIJ C'est toy, ma douce bestelette, C'est toy, ma beauté doucelette, Qui me fais, en parlant par l'air, Après ton cours volant voler. Dieu te gard', race paphienne; Race cypride et samienne, Oyseau viste, oyseau tresmoussant, Et blandissant et blanchissant. Es-tu pas des oyseaux agiles, Qui traînent aux plaines mobiles Où les nuaux font leur séjour La douce mère des Amours? Es-tu pas, o beste groulante, De ceux de la troupe volante Qui quand huit estez ont esté Perdent la vivante clarté? Dy-moy, dy-moy, beste ergotée, Beste coye, et beste affettée, Oyseau chaud, oyseau de tout l'an, Privé, hupé, porte-carcan, Quel aize coule en ton courage Sentant d'amour la douce rage, Mesmement aujourd'huy qu'au lieu De ce triste et superbe Dieu Qui rendoit mainte ville vile, Tu vois que mainte fille file, Et paissant en paix ses brebis Les meine aux plus herbeux herbis? Sans avoir crainte que la crainte Face plus sa face desteinte, Elle hausse ses pleins tranchants Et les champs escoutent ses chants. Cependant, oiseau d'Idalie, Cependant, ô mon bien, ma vie, Cependant tu t'endors au son De sa tremblotante chanson. Ton bec dans tes plumettes entre, Et tes petons pressent ton ventre.