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                SIMON SAINT-JEAN, PEINTRE DE FLEURS                     ior
face à tout, et son énergie la sauva. Secondée par des ouvriers intel-
ligents et dévoués, la chose est plus commune qu'on ne pense, elle
continua les affaires, éleva ses deux enfants, son fils qui n'avait que
huit ans, sa fille, un peu plus âgée, et rien ne sembla changé à ce
foyer ; rien ne manqua, ni aisance ni dignité, dans ce doux intérieur
si bien dirigé, malgré la perte douloureuse de son chef.
   Simon Saint-Jean ne pouvait parler sans attendrissement de cette
époque d'épreuve ; il adorait sa mère et ne tarissait pas quand il rap-
pelait les sacrifices et les efforts de cette femme si grande, si intelligente
et si aimante. Il était fier de cette enfance laborieuse, et il n'aurait pu
comprendre les âmes faibles et lâches qui rougissent de leur première
obscurité, des humbles commencements de la vie, et cachent les
privations que tant de parents s'imposent pour élever des fils ingrats
au-dessus d'eux.
   A quatorze ans, dès qu'il fut en âge de sentir et d'apprécier, il
se rendit à notre école de Saint-Pierre, alors dans tout son éclat,
et il se plaça bien vite parmi les premiers. Revoil lui enseigna la
figure, et il eût pu devenir peintre d'histoire, comme Bonnefond, mais
sa modestie et la position de sa fortune lui firent penser à être sim-
plement un de ces dessinateurs de fabrique à qui la ville doit sa
richesse et sa réputation. Le dessinateur de fabrique peut facilement
acquérir de l'aisance, sinon de la gloire, et il s'adonna entièrement
à l'étude de la fleur.
    Thierriat en fit son élève favori, et, entre ses mains, Saint-Jean fit
des progrès rapides. Couronné à chaque concours, il obtint le pre-
mier prix de fleurs, en 1826, en présence de concurrents redoutables
 et nombreux.
    Il entrait dans sa dix-huitième année et dès lors il fut connu de
 ses maîtres et de ses rivaux. Un négociant qui avait un nom dans la
 fabrique lyonnaise, M. Didier-Petit, dont la maison célèbre créait
 des étoffes pour les souverains, devina le nouveau venu et s'em-
 pressa de se l'attacher. Le goût du maître développa le goût du des-
 sinateur, qui, se méfiant de lui-même, crut devoir se perfectionner en
 prenant des leçons particulières dans l'atelier connu de M. François
 Lepage. Les leçons sévères de ce professeur modifièrent les ten-