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                          LA
44                             REVUE LYONNAISE

corps s'engagent dans la plaine, à la façon d'Homère, et Constantin
lui-mĂŞme, tout empereur qu'il soit, cherche et attaque les plus vail-
lants. Il tue Sélim, la terreur des chrétiens.
   Mais Mirza, un renégat réfugié à Constantinople, où son père, un
vieux chrétien, combat vaillamment au milieu des chrétiens, ses
frères, voit ce père adoré blessé à mort et rapporté tout ensanglanté
dans son palais. A cette vue, aux supplications de son père, Mirza
redevient chrétien, et il jure de venger celui qui vient d'expirer dans
ses bras.


            Soudain, quel changement! Mirza ne pleure plus.
            Sa colère a changé ses esprits abattus.
            Il vole vers Sophie... il la contemple, il ose
            Cueillir un long baiser sur ses lèvres de rose.
            Puis, s'armant d'une épée, il s'éloigne à grands pas,
            Et, sans cuirasse, vole au milieu des combats.
            Oh ! qu'un fils est fougueux quand il venge son père !
            Terrible est son épée! Aveugle est sa colère!


            Comme un ruisseau riant, par les neiges enflé,
            Et dont le flot d'azur s'est tout à coup troublé,
            S'avance impétueux, brisant sur son passage
            Les arbres dont naguère il chérissait l'ombrage ;
            Tel, furieux, Mirza, son épée à la main,
            Chez ses anciens amis s'ouvre un large chemin.


            Il court, rencontre Abbaz, qu'aima tant sa jeunesse !
            Il le voit, veut le fuir ; mais Abbaz, plein d'ivresse,
            L'Ă©treint :
                       « Quoi! te voilà? je t'ai longtemps pleuré.
            Ne me connais-tu plus? Ton air est égaré!
            Ton épée est rougie, et tu n'as pas d'armure !
            Oh! qu'as-tu? dis-le-moi. Parle, je t'en conjure!
            — Je t'aime encore, Abbaz, mais ne suis plus des tiens.
            Je combats maintenant pour la foi des chrétiens.
            Vos barbares soldats ont immolé mon père.
            — Tu mourras comme lui.
                                         — C'est tout ce que j'espère.