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                  ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES Å’UVRES                               45

               — Ah ! demeure avec nous ; viens t'armer...
                                                           — Laisse-moi.
              J'exècre maintenant ton prophète et sa loi.
              J'adore le vrai Dieu. Sous son empire auguste,
              On ne saurait aimer que le bon et le juste,
              La liberté, l'honneur... Que faites-vous ici?
              Au nom de quel devoir nous frappez-vous ainsi?
              Pareils à des vautours qui cherchent une proie,
              Vous contemplez nos maux et nos pleurs avec joie.
              O toi que j'aimais tant, Abbaz, ouvre les yeux.
              Abandonne avec moi des monstres furieux.
              Suis-moi, viens les combattre...
                                                  — Eh ! quoi! frapper des frères?
              — La mort aura bientôt terminé nos misères.
              — Reviens à toi.
                               — Non, non ; ne retiens plus mon bras.
              Adieu.
                      — Je te suivrai pour protéger tes pas.
              — Viens donc. »
                              Mirza s'élance, et sa vaillante épée
              Verse des flots de sang ; la terre en est trempée ;
              Et, comme un cerf blessé qui rougit l'herbe et fuit,
              L'ennemi se disperse, et Mirza le poursuit.


  N'y a-t-il pas un souffle épique dans cet épisode ? La pensée ne
coule-t-elle pas large, puissante, et le vers, harmonieux dans sa faci-
lité, ressemble-t-il à ces productions pénibles et martelées, dont tous
les jours nous voyons faire l'éloge par des plumes intéressées ?
  Abbaz et Mirza meurent             chrétiens et baptisés, mais           l'enfer
triomphe. Après quelques jours de gloire et d'espérance, les Grecs
sont refoulés par la masse immense des bataillons ennemis. Les
musulmans, furieux de leurs pertes, entrent dans Byzance et la
saccagent.
  Quels massacres ! Que de deuils dans la ville prise d'assaut !

             La fille est arrachée à sa mère éperdue,
             Et leur prière ardente est à peine entendue.
             Le père est massacré; ce n'était qu'un vieillard.
             La courtisane au prêtre est liée au hasard.