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ALEXIS ROUSSET, SA VIE ET SES Å’UVRES 43 Pierre lui révèle confidentiellement qu'un jour elle régnera sur le monde. A cet espoir, la malheureuse déesse sourit, et, entourée de ses amis, rentre dans les murs assiégés, ranime les courages et prépare les chrétiens pour les derniers combats. Orkan et Constantin, chassant de vains regrets, S'arrachent noblement aux larmes du palais. Orkan s'est fait chrétien.,. Près de la Table sainte Le cÅ“ur des deux héros abjure toute crainte. Isidore, debout, à deux pas de l'autel, Promet à ses amis l'appui de l'Éternel. Ses yeux sont pleins de foi. Sur sa noble figure Est un bandeau cachant une large blessure. Hier, il combattit en valeureux soldat; Il montre maintenant la ferveur d'un prélat : « Gardons-nous de douter de la bonté céleste, » Dit-il. « Courons combattre, et Dieu fera le reste. Quels que soient nos destins, il nous accueillera. Tombés, c'est dans le ciel que Dieu nous recevra. Les méchants quelquefois l'emportent sur la terre Et du Seigneur près d'eux voient dormir la colère : Vain triomphe ! Bientôt, la crainte et le remords Et l'ivresse et l'orgueil, flétrissant leurs efforts, Laissent aux seuls vaincus un grand nom dans l'histoire, Et près du Dieu vengeur la suprême Victoire. Courons mourir ! Déjà les cieux s'ouvrent pour nous, Attendant nos martyrs, nos vierges, nos époux, Qui, là , payés cent fois de cruels sacrifices, Goûteront, rassemblés, d'éternelles délices. » A la suite de l'empereur et de ses fidèles, tout le peuple se préci- pite aux remparts. L'assaut est général, la ville est enveloppée. Turcs et Arabes, soldats et marins s'attachent aux remparts, et les ébranlent. Ils sont repoussés, le feu grégeois les dévore. Les moines armés se distinguent dans la bataille; sous les yeux de leur empereur, les Grecs font des prodiges d'audace, débarrassent les murailles, et, ouvrant les portes, font irruption sur les ennemis. Alors une foule de combats corps Ã