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                          LE REVE DE PACOME                              9

funeste, faisait cette folie, ses troupes, quelque bien armées, quelque
bien organisées qu'elles pussent être, seraient infailliblement écra-
sées par les Myrmidons levés en masse et surexcités par l'amour de
la patrie, n'eussent-ils pour se défendre que des fourches et des
bâtons.
   « Pour les mêmes raisons, il était puéril d'exercer les citoyens
au maniement des armes, et de leur causer ainsi de grandes fatigues
et de stériles dépenses. On sait toujours se battre, et l'on est sûr de
vaincre, lorsqu'on a pour soi la justice, et qu'on marche à l'ennemi
au cri de : « Liberté ! »
   Il était fort tard quand ce discours fut terminé. Le Ministre déclara
qu'il avait à présenter quelques observations, et la suite de la discus-
sion fut renvoyée au lendemain.
   Pacôme rentra chez lui et soupa de grand appétit. Puis il se cou-
cha, satisfait de sa journée, et dormit du sommeil du juste.


                                    V

   Cette nuit-là, Pacôme eut un rêve étrange.
   Au milieu d'une vaste plaine couverte d'épis déjà murs, une col-
line s'élevait par une pente douce. Au pied de la colline, était un
petit lac, dont l'eau tranquille réfléchissait un double rang de grands
peupliers, et deux ou trois maisons blanches, autour desquelles
erraient de belles vaches laitières et quelques moutons gardés par
de robustes fillettes. Un pont de pierre était jeté sur le lac, et unissait
les deux rives opposées, à un endroit où elles formaient un étroit
canal. De là, partait un chemin qui serpentait au flanc de la colline,
et conduisait au large plateau qui la couronnait.
   Sur le plateau, était un édifice en construction, presque entière-
ment masqué par des échafaudages.
   Une foule de travailleurs étaient réunis en ce lieu. Les uns tail-
laient la pierre, préparaient la chaux, montaient les matériaux, éle-
vaient les murs, ajustaient les charpentes, pendant que l'architecte
et ses aides allaient et venaient, donnant leurs ordres et encoura-
geant les ouvriers. D'autres, sur les flancs de la colline, défonçaient