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PIERRE DE BOUCHAUD. — LES MIRAGES. — Paris, Alphonse Lemerre, éditeur, passage Choiseul, 23-31. CTÈKÎous recommandons tout spécialement aux lecteurs de la Revue le ^ ^ j nouveau recueil de vers de l'auteur de Rythmes el nombres. On peut vraiment dire qu'il vient de se surpasser lui-même dans cette suite de pièces charmantes dictées par l'esprit poétique le plus pur, en même temps que les hauts problèmes de la philosophie lui inspirent d'admi- rables morceaux qu'il faut lire d'un bout à l'autre et méditer. Le livre de M. de Bouchaud est de ceux qui ne s'analysent pas; nous nous contenterons donc d'en indiquer le plan général et l'esprit, quitte au lecteur à faire son choix parmi tant de fleurs variées. Les premières pages consacrées à Rome et à Venise se font remarquer par l'exquise fraîcheur des tableaux, la beauté du rythme, l'élévation des pensées. L'auteur a bien su être lui-même, et il ne s'est inspiré d'aucun de ses devanciers qui, tels qu'Alfred de Musset et Sully-Prudhomme ont aussi chanté la cité des gondoles et le beau ciel de l'Italie. Ami des lettres anciennes, admirateur de la Renaissance, comme il l'a si bien prouvé dans un savant et substantiel ouvrage, dont il a été rendu compte dans cette Revue, M. de Bouchaud n'a pu renoncer au plaisir de glorifier l'un de ces grands hommes du xvi= siècle, celui qui a rétabji le culte des lettres grecques en occident. Son ode à AlJe Manuce est tout à la fois un élégant tribut à la poésie, et un morceau d'érudition à la hauteur du sujet. La deuxième série nous transporte en plein xviue siècle et contient un véritable chef-d'œuvre, une perle plus fine encore parmi tant N°4. - Avril 1897. 21