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248              UN PROCÈS DE       LÈSE-MAJESTÉ

    Parmi les spectateurs se trouvait Albert Freiberg, un
 ancien lieutenant-colonel du baron qui, bien qu'ayant
 embrassé le parti de Wallenstein, n'avait pas été condamné.
 11 acheta au bourreau, comme souvenir, l'épée de justice
avec laquelle son ancien général avait été décapité et qui
servait pour la première fois.
    Les domestiques portèrent le cercueil dans la maison où
 ils demeuraient (1). Wegrer fit faire, par un bon pein-
tre, un portrait de son maître, l'emporta en Silésie
et le fit voir à plusieurs personnes, entre autres au duc
Georges-Rodolphe de Liegnitz. Malgré le peu de sympathie
qu'il éprouvait pour son beau-frère, le duc versa des larmes
et fit faire une copie du portrait.
    Le soir de l'exécution, à onze heures, à la lueur des
torches, aux chants du clergé et en présence de plusieurs
centaines de personnes, les serviteurs de Schaffgotsch por-
tèrent le corps dans le caveau que le Conseil de ville de
Ratisbonne avait fait creuser à côté de l'église de la Trinité.
Le caveau fut fermé, et une petite pierre fut placée au-des-
sus. Elle portait les armes du défunt avec les premières
lettres de son nom et la mention de sa mort. Le lendemain,
Lentz célébra, en présence de nombreux assistants de toute
condition, un dernier office dans l'église de la Trinité.
    Schaffgotsch était de haute taille, d'une bonne santé,
d'une grande force de corps; son visage, régulier, au teint
rose et blanc, était encadié dans une chevelure abondante
et bouclée ; il portait la moustache et de la barbe au
menton. Elevé,dès sa première jeunesse, dans les traditions
de sa famille, qui était riche, il avait constamment mené la


  (1) Maison de Welcher : « A l'Ecrevisse Blanche ».