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LETTRES DE L ' É C O L E NORMALE 211 Roule. En chemin, j'entendis, a. Saint-Philippe du Roule, une charmante exhortation du curé à une confrérie de demoi- selles ; puis, je continuai ma course ; à six heures, j'étais à Neuilly, gai, content, et plus dispos que lorsque je m'étais levé le matin. J'examinai le Parc du Château Royal, et je revins à la nuit par la grande route de l'Arc-de-Triomphe, les Champs-Elysées, les boulevards et la rue Saint-Martin jusque chez mon oncle, et après m'être reposé quelques minutes, je revins à l'Ecole à neuf heures précises. Voilà comment dimanche j'ai entendu trois sermons et fait cinq lieues à pied en quatre heures. Ces jours-ci je me suis trouvé assez bien ; aussi, puisque le remède me réussit, j'y serai fidèle, et pendant un temps je négligerai un peu mes connaissances pour bien me refaire. J'ai organisé un plan de promenades dans les plus jolis environs de Paris, et lorsque le printemps sera véritablement revenu, car il a neigé aujourd'hui, ce sera vraiment charmant. Dimanche, avec un de mes cama- rades, nous partirons à deux heures pour Saint-Cloud par le bois de Boulogne, et nous reviendrons par Meudon et Issy, un jour nous irons visiter les tombeaux de Saint- Denis. Quelquefois aussi, j'irai avec mon oncle et ma tante ou ma cousine, car votre crainte n'est pas fondée. Ils m'aiment beaucoup, et il y aurait de l'ingratitude de ma part à les négliger. Un de mes anciens camarades de Lyon, étudiant en médecine, et âgé de 21 ans, a été tué en duel il y a eu lundi huit jours, le 16; c'était pour uiie misérable querelle de femme, et il a reçu une balle à l'aine. La police est aux trousses de son adversaire. Un autre jeune homme dont j'avais fait la connaissance ici, M. Carion, peintre, et prési-