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262 LES PROTESTANTS A LYON l'aide de subventions, ne devaient être en pleine production qu'un demi-siècle plus tard. Ce ne sont pas les étoffes de soie de Lyon qui ont été l'objet principal de la fabrication entreprise par les Protes- tants. Réservé à Lyon aux Catholiques à partir de 1667, le tissage de la soie était libre ailleurs en France. Il n'était pas centralisé au xvne siècle comme il l'est aujourd'hui. Les fabriques de Tours, de Nîmes, d'Avignon étaient très acti- ves ; on faisait des tissus de soie au nord, à l'ouest, au midi, dans plusieurs de nos provinces, entre autres dans le Lan- guedoc (19). A Tours, par exemple, les Protestants étaient nombreux; cette ville, qui comptait huit mille métiers d'étoffes de soie et trois mille métiers de rubans, n'avait plus, après la Révocation, que douze cents des premiers et soixante des seconds. « Le travail des petites estoffes façonnées, rapporte d'Herbigny, est proprement le caractère particulier de la fabrique de Tours ; on y excelle dans les nuances des coul- leurs (20) ». Ce sont surtout ces étoffes dont on a enseigné la fabrication à l'étranger. Il y a eu dans ce cas déplacement d'industrie : un assez grand nombre d'ouvriers en soie pro- testants ont quitté la Touraine ; l'Angleterre et la Hollande les ont reçus pour la plupart. Les fabricants Lauson, Mariscot et Monceaux, le dessinateur Beaudoin, paraissent être venus de Tours à Londres. Une manufacture de taffetas fut établie dans cette dernière ville par des Tourangeaux, et un apprêteur de Tours, Mongeorge, avait livré le secret (19) On faisait dans le Languedoc des taffetas, des tabis, des fer- randines, des damas, des brocarts, des burats de laine mélangés de soie, (20) Mémoire, Bibl. nat., ms., n° 22201, p. 136.)