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                    LES PROTESTANTS A LYON                           I85

   La vérité est que les rapports politiques et commerciaux
s'étaient affaiblis dès le troisième quart du xvie siècle.
   On se montrait même malveillant et injuste. On peut en
juger en lisant ce qu'écrivait en 1574 un homme ardent et
passionné il est vrai, mais qui a rempli les fonctions de
procureur général de la ville, Claude de Rubis (27).
   Le relâchement de nos liens avec les Italiens s'accrut
au xvne siècle. « L'amitié des Italiens, observe d'Herbigny,
estant d'un médiocre intèrest pour le Royaulme », ceux-ci
furent assujettis dès lors aux nouvelles taxes imposées sur
les marchandises (28), et se retirèrent insensiblement.
   Les Suisses et les Allemands avaient, en vertu d'anciens
traités, confirmés en 1515 et 1516, le bénéfice, les premiers
surtout, de privilèges et d'exemptions d'impôts (29). Cela
explique que, dès que la raison politique eût fait écarter les
Italiens, dès que, par suite, l'influence de ceux-ci se fût
amoindrie et que le champ de leurs opérations se fût
resserré, l'action des marchands des cantons suisses et de
ceux des villes impériales s'élargit. Ces marchands formèrent
de solides relations d'un autre ordre, et concoururent avec
les maisons italiennes qui n'avaient pas abandonné leur
ancien terrain, à assurer aux manufactures de Lyon le jeu



   (27) Les Privilèges et franchises et immunité^ octroyées par les Roys Très-
chrestiens aux Consuls ... de la ville de Lyon, 1574, p. 73.
   (28) Nous avons parlé plus haut de ces taxes.
   (29) « Les marchands suisses et ceux des Villes Impérialles sont par
leurs privilèges exempts des douannes de Lion et de Valence et de tous
droits d'entrée pour les marchandises originaires de leur païs .(D'Her-
bigny). » Ils avaient de plus le privilège de faire sortir de Lyon leurs
marchandises avec les privilèges des foires, et les espèces d'or ou d'argent
 reçues en payement de leurs marchandises.
 N° 3. — Septembre 1890.                                        12