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LES PROTESTANTS A LYON 261 tance. C'était bien peu que de ne plus faire battre que quatre mille métiers. Le travail manquait : les ouvriers étaient restés en France, mais la misère était extrême, et beaucoup d'entre eux allèrent à l'armée. Pendant plus de vingt-cinq ans, le travail devait manquer: cette période fut dure. Nous dirons plus loin que, s'il se produisit des défail- lances parmi nos ouvriers, ce fut bien des années après la révocation de l'Edit de Nantes, sous l'influence d'événe- ments de politique extérieure. Quelques-uns de nos ouvriers catholiques cherchèrent alors fortune à l'étranger. Toutefois, Lyon, grâce à une succession de dévouements et de sacrifices, retint cette élite nombreuse d'ouvriers en soie, qui devait être plus tard l'instrument de son retour à la prospérité et qui devait lui rendre sa force et son éclat. Il est à remarquer que, dans les délibérations consulaires motivées par cette détresse prolongée, aucune allusion n'a été faite soit à la révocation de PÉdit de Nantes, soit à la rivalité de fabriques étrangères. On insistait sur les charges qui résultaient du passage des gens de guerre ; on expliquait l'augmentation des dépenses par les secours « despuis trois ou quatre ans pour la cessation qui est notoire de toutes les fabriques de soye qui faisoient presque tout le commerce de ceste ville et par l'abandon qu'ont fait la plupart des ouvriers dans ces temps malheureux de leurs femmes et de leurs enfans pour aller à l'armée (T8). » Y avait-il dans le même temps à l'étranger des fabriques de soieries larges et prospères ? Non, nous voyons par la situation des fabricants émigrés comme elle était précaire. Les manufactures qu'ils avaient établies ou développées à (18) Archives de Lyon. BB. 250, 17 avril 1692, N° 2. — Octobre 1890. 17