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f LA SU à VIOLA. 451 cueilli ces violettes pour toi. Il me semble que tu dois les aimer. — Oui, répondit-elle en recevant les fleurs, je les ai tou- jours aimées et je les aime bien davantage maintenant; car je vois en elles un emblème de tes sentiments mélancoliques et discrels. — Et moi, Stella, si je te cherchais un emblème parmi les fleurs, je choisirais le plus beau des lis, ce lis si blanc, si suave, .si pur, dont la lige délicate, mais fière, ne s'incline point sous l'orage et se brise plutôt que de se courber... Et ces comparaisons peignaient, en effet, avec vérité, le caractère d'Etienne et le caractère de Ste la. Aussi ces deux jeunes gens, faits l'un pour l'autre, se sen- taient pleinement heureux de leur mutuel amour et s'y abandonnaient avec cette calme et sainte confiance qui n'ap- partient qu'aux âmes sans tache. Mais les jours sereins et fortunés qu'ils coulaient ainsidans la solitaire région des montagnes furent troublés tout à coup par un événement inattendu. La blessure du frère de Stella, qui s'était assez rapidement cicatrisée, se rouvrit après quelque temps et exigea les soins assidus de la jeune fille. Les enlrevues qui se succédaient si fréquemment au carrefour de la Madone se trouvèrent dès lors interrompues. Etienne, averti de l'accident qui causait cette interruption, espéra d'abord qu'elle ne serait que passagère. Cependant les jours s'éco"laienl, sans qu'il reçût aucune information nouvelle, et il attendait en vain. 11 se tendait néanmoins tout seul à la roche de la Madone, cherchant a calmer son impatience en évoquant les souvenirs que lui rappelait en foule ce lieu consacré par tant de doux entreliens. Mais en pareille situation, les souvenirs du bonheur passé, au lieu d'apaiser le chagrin, en augmentent l'amertume. Il n'était