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386              LETTRE SUR L'ARCHITECTURE

   Et si l'on en veut chercher le sens chrétien, il est tout
indiqué dans ce mot touchant du Sauveur : In domo Patris
« mei mansiones multm sunt. » Le sanctuaire de nos
églises n'est-il pas la maison de notre Père céleste des-
cendu sur la terre ?
   Mieux encore. Selon tous les auteurs qui ont traité la
matière, l'église, avec sa croix latine, figure Notre-Sei-
gneur étendu sur l'instrument de son supplice. « L'abside
« représente la tête du Sauveur, les deux côtés du croisiU
« Ion ou le transept représentent ses bras, et le reste de la
« nef son corps. (1) » Le déambulatoire et les chapelles
rayonnantes ne sont-ils pas là bien à propos pour repré-
senter soit la sainte couronne d'épines , soit le nimbe cru-
cifère de Jésus-Christ?

   IY. — Je ne mets point d'ordre dans ces observations.
Je les donne à mesure qu'elles se présentent en avançant
dans la lecture de l'article qui les provoque. J'arrive donc
à un passage qui affirme que nos églises contemporaines
sont le fruit des entraînements d'une mode qui passera;
que la profusion des ornements, le fracas des lignes et les
fantasmagories vont jusqu'à des fantaisies étrangères à
notre histoire et à nos traditions pieuses.
   Est-ce aux belles créations de MM. Desjardin, Berthier,
Bossan, etc., que s'adresse cette étonnante sortie? M. Ber-
thier, l'architecte chrétien de Saint-Pierre, de Mâcon, nous
a donné, à sa part, plus de cent vingt églises romanes ou
ogivales. Quoiqu'il n'y ait pas tant de fracas dans ses
lignes que dans celles qu'on vient de lire, il a enlevé les
suffrages des premiers maîtres de l'art en Europe, les élo-
ges de nos évêques ; et ce n'est certes pas pour avoir violé
les traditions chrétiennes et le symbolisme liturgique que
Pie IX l'a fait chevalier de saint Grégoire-?le-Grand.
   Et dans des conditions telles qu'on veut les faire ici à

  (4) Ovide pratique de titwgie romaine, p. 243.