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POÉSIE. LES OISEAUX BLEUS. Comme un froment tombé du crible, J'ai semé mon cœur à tous vents, Dans les ronces, les flots mouvants, Sur les flancs du roc insensible. Au logis il me faut rentrer. Le maître dont l'humeur est prompte, Va vouloir qu'avec lui je compte, Et je n'ai rien à lui montrer. Qui voudra venir à mon aide, Et faire un miracle pour moi? On m'a tant dit qu'avec la loi Il n'est pas de mal sans remède ! Vous êtes fée, ô blonde sœur ! Et chacun vous sait la puissance De rendre au regret l'expérance, A l'amertume la douceur. Si vous vouliez, ô ma sœur blonde, Tout aussitôt, de votre sein S'échapperait un bel essaim D'oiseaux bleus volant à la ronde. Fouillant ravin, creux et buisson, De leurs jeux verts, de leurs becs roses, Ils reprendraient à toutes choses Les épaves de ma moisson. Quelque fine perle peut-être, Larme tombée en bon terrain,