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MONOGRAPHIE DE L'ÉGLISE DE BROU. 207 c'est aux boiseries des stalles que se rencontrent ces scènes libres qui étaient d'ailleurs dans l'esprit et les mœurs des artistes de ce temps-lk. Ce qui constitue effectivement le ca- ractère plébéien de Notre-Dame-de-l'Epine, c'est la manière dont y est représenté le mystère de la Nativité. M. Didron nous met sous les yeux, à cet égard, une des- cription d'une verve et d'une vérité incroyable ; et je ne puis résister au désir de citer textuellement le brillant écrivain; ce sera faire connaître au lecteur une des plus attrayantes pages de l'écrit de M. Didron. « A l'Epine, dit-il, l'étable est ce qu'il y a de plus pauvre « au monde. Le lit où repose Marie est un lit de paille, pres- « que de fumier, et c'est là que les bergers en haillons et à « vulgaire figure, viennent adorer Jésus qui est un enfant « comme les enfants de tout le monde. Le Soleil, entre autres, « et laLune, qui assistent a la Nativité, sont représentés sous «, les traits du plus commum bourgeois et de la plus grasse « commère qu'on puisse trouver. On voit la Vierge fatiguée, « couchée, réparant ses forces, et Jésus, comme un enfant « vulgaire, emmaillotté dans son berceau. Celte élable,cons- « tamment représentée par l'art chrétien comme une pauvre- « cabane ouverte a la bise et à la pluie, est occupée par un « bœuf et un âne mangeant au râtelier et réchauffant sous « leur souffle le petit Jésus. Le lieu est pauvre, délabré et « plein de misère. « A Brou, cette étable s'est changée en un palais; c'est « dans un riche appartement que Jésus vient au monde. Un « pareil mensonge a la vérité historique ne pouvait naître « que dans l'esprit d'une princesse qui, prêtant son lit de « duchesse à la Vierge Marie, lui prêta en même temps sa « chambre à coucher pour la Nativité. Il y a mieux encore : « ce qui précède est non-seulement le travestissement d'un « fait, c'est une explication aristocratique d'un événement.