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              LES TABLEAUX D'ALBERT DURER                        325

contredire, satisfaction intime et fréquente, l'une des joies conso-
latrices de leur labeur. Mais le Formulaire de Breclin de 1574,
 mentionne « la statue de l'homme de la Roche », et la fait parler
 comme aurait parlé Gleberger lui-même : de plus, le planmanuscrit
 anonyme déposé aux Archives de la ville, dû à Philippe Le Beau et
à son fils (15 mars 1607), ainsi que l'a péremptoirement démontré
M. Vermorel (Revue lyonnaise, juillet 1881 p. 71), publié en 1875
par la Société de Topographie lyonnaise, œuvre consciencieuse, si
 exacte et si fidèle dans son réalisme naïf, — le plan de 1607
reproduit la statue à sa place actuelle, ou plutôt sur une saillie du
rocher à quelques mètres au dessus de la voûte qui sert de dôme
à la statue de pierre d'aujourd'hui.
    Qu'il y ait eu sur le rocher de Tunes une statue romaine, cela
est possible ; mais que la reconnaissance du peuple lyonnais ait
élevé durant deux siècles une modeste statue de bois à la mémoire
de l'homme bienfaisant qui se distingua durant sa vie par une
large charité, cela ne paraît pas contestable. 11 faut noter que,
dans son testament du 25 août 1546, retenu par Pierre Dorlin,
notaire, original conservé aux archives de la Chambre des notaires
de Lyon, il se désigne naïvement lui-même : « noble homme Jehan
Gleberger, surnommé le bon Attentant. » Sa réputation de charité
était donc bien établie, et je ne sais sur quels fondements, l'abbé
Cattet, curé de Saint-Paul, prétendait que cette réputation sécu-
laire était usurpée, que Cleberger était un riche débauché, qui
dotait les filles qu'il avait mises à mal, pour se débarrasser de
leurs reproches, et que c'est pour se faire pardonner par le ciel
ses coupables déportements qu'il avait comblé les hospices de ses
hautes libéralités.
    Si jamais je trouve des preuves authentiques et irrécusables de
ces articulations, je promets de les publier — magis arnica
veritas; — mais en attendant, je demande de conserver à Jean
Gleberger, bienfaiteur des pauvres et premier fondateur de
l'hospice de la Charité, la respectable auréole qui s'est attachée
jusqu'à nos jours, aux hommes d'élite qui ont marqué leur
passage sur la terre par des bienfaits et des aumônes.
    Je termine ces notes sur le Bon Allemand par ces quelques vers
 tirés d'une Epître à l'homme de la Roche, publiée au dix-hui-