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          É C R I T S SATIRIQUES CONTRE LES FEMMES                               285
fera, voyant peut-être sa femme s'ébattre sous ses yeux aux bras
d'un galant, MM. Naquet et Dumas fils auraient pu invoquer à
l'appui de leurs thèses l'opinion de cet apologiste du divorce au
quinzième siècle.
   Chacune des « joyes » est consacrée à envisager et à dépeindre
une de ces calamités qui accablent le pauvre diable de mari, et
chacune se termine par ce refrain conçu à peu près dans les mêmes
termes : « Ainsi est en la Nasse enclos en douleur et tristesse,
qu'il prend pour joyes, veu qu'il ne le voudroit point autrement ; et
s'il s'en repent, il n'est pas temps. Ainsi demeurera en tourmens
àtousjours, et finira misérablement ses jours. » C'est du mot de
Nasse, employé dans ce que j'appelle refrain, qu'est venu le sous-
titre de: LaNasse, qu'on donne à l'ouvrage dans quelques éditions1.
    Le bon auteur ne manque pas de mettre une certaine ironie dans
sa façon de considérer le mariage. « Et pourtant, dit-il, je ne les
blasme pas de soy mettre en mariage, mais suis de leur opinion,
et dy qu'ils font bien ; pource que nous ne sommes en ce monde
que pour faira pénitence, souffrir afflictions, etmatterla chair, afin
d'avoir Paradis. Et certes il semble l'homs ne se peut mettre en
plus aspre pénitence, que d'estre es peines et tourmens cy après
contenus. »
    Le trait est excellent.
    Au reste je ne saurais trop louer le style fin et naïf tout à la
fois de ce petit livre, tout empreint de « preud'homie » selon
l'expression chère à notre auteur. H y a des peintures d'intérieur
 qui, toute question de réalité mise de côté et la part faite à
l'exagération naturelle au satirique, sont charmantes. Je ne les
puis citer ici : elles sont trop longues : mais ceux qui se repor-
 teront à l'ouvrage y trouveront, j'en suis sûr, le même charme
 que j'y ai goûté.
    Inutile d'ajouter que l'écrivain a fortement chargé les couleurs


  * C'est à l'ouvrage qui nous occupe que fait allusion l'auteur du « Tombeau de la
Mélancolie » (A Rouen, chez J.-B. Besongue, s. d.), quand il fait suivre le tilre de
son livre de ces qualificatifs : «' Ouvrage facecieux, gay et divertissant, bon pour
les Vieillards et vieilles Grammaires, les nouveaux et nouvelles mariées pour s'y
divertir, afin de chasser le chagrin journalier qu'ils ont à combattre dans la fameuse
Nasse des ténèbres du Mariaee. »