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                        W.-C. BONAPARTE-WYSE                                      381
félibresse, morte à vingt ans, et qui fait l'admiration de l'Allemagne, Soulomi, et
les sonnets. Celui surtout à Félix Gras que terminent ces vers vibrants :

             Ah ! que la vido es vueso ! ah ! que la vido es Iristo !
             E quant d'esfors perdu ? la feblo volounta
              Jamai mounlo au nivèu doù désir esalta !
             Ambicious, arderous, voudrièu bèn, perraa fisto
             Escambarla lou mounde en valent cavalié
             Ièu que sièu ren de mai qu'un paure meneslrié !

    « Ah ! que la vie est vide ! ah ! que la vie est triste ! et que d'efforts perdus
  la faible volonté, ne monte jamais au niveau du désir exalté! — Ambitieux,
  ardent, je voudrais bien, ma foi, enfourcher le monde en vaillant cavalier, moi
  qui ne suis rien plus qu'un pauvre ménestrel. »
    Mais déjà — citons plutôt M. Roqueferrier — « On sent à l'harmonie des vers, à
 la coupe de la strophe et à la disposition de la rime que l'esprit de l'auteur s'est
 reporté souvent vers les règles du Gai Savoir ; qu'il ne s'est pas borné à en étudier
les savantes et parfois bizarres prescriptions ; qu'il les a rectifiées par d'heureux
emprunts, des combinaisons nouvelles et cependant déjà consacrées. Aussi est-il
juste de dire quepersonne n'a plus contribué que lui à étendre et à justifier le
 parallélisme poétique qui existe entre la littérature des félibres et celle des
anciens troubadours. » En effet, d'un grand nombre des pièces des Parpaioun blu,
à la plupart de celles des Piado, il n'y a que la différence d'un art plus achevé.
On trouve dans les vers de M. Bonaparte-Wyse des refrains, des rythmes, des
répétitions de mots et de pensées, des accouplements de vers, qu'on chercherait
en vain chez un autre poète. Il est de ceux dont on peut étudier l'architecture
des strophes.
    Cette tendance d'esprit, qui regarde la forme, s'est compliquée d'une autre
plus grave, plus intéressante, qui regarde le fond même de ses poésies... je de-
 vrais dire de ses poèmes. Les pièces de longue haleine fourmillent, en effet, dans le
second recueil ; on n'en trouve qu'une dans le premier. La Félibrêe solitaire, qui
l'appelle l'idée générale des Nuits de Musset pour la forme, termine la partie
provençale des Parpaioun blu. Car il y a une partie anglaise à ce livre, dont
les félibres ont tenu à traduire chacun une pièce ; et je ne parle pas du morceau
catalan ni des deux sirventès écrits et pensés dans le style du treizième siècle.
Observons, avant de fermer cette parenthèse que M. Wyse est peut être le plus
étonnant linguiste qui ait paru. Sans se contenter de fa double renommée de
grand poète anglais et provençal, il ajoute eu ce moment quelques perles rou-
maines à l'écrin déjà si brillant de son imagination.
    L'ère des poèmes, donc, a été inaugurée chez M. Bonaparte-Wyse par la
 Félibrêe solitaire. C'est un dialogue ensoleillé de la Muse et du Poète, en sept
 rasades et un prologue, d'une sobriété attique; mais doublé d'une pointe d'humour.
 — Encore une parenthèse :
    L'alticisme naît de lui-même sur cette terre féconde dont il est la fleur. J'en
soupçonne plus d'un, le bon Roumanille entre autres, de l'avoir souvent cueillie.