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328                      PIERRE ESKRICH

avait été employé par Guillaume Roville, catholique très
ferme et qui fut trois foiséchevin.
    Eskrich fit des travaux de peinture pour le Consulat. Un
de ces travaux ne doit pas être passé sous silence. Henri III
fit son entrée à Lyon en 1574, à son retour de Pologne,
monté sur un bateau richement décoré. Notre artiste a
« conduict toute l'œuvre » de l'ornementation de ce bateau,
et fit même une partie des peintures; il avait pris pour col-
laborateurs une quinzaine de peintres, parmi lesquels Jean
Perrissin, Jean Vandermère, Nicolas Durand, Charles
Decrane (1).
   Encore, au xvi e siècle, même à Lyon, un seul métier,
une seule tâche, n'aurait pas suffi, sauf exception, pour faire
vivre un artiste. Aussi les artistes s'adonnaient souvent à
l'exercice de plusieurs arts. La division du travail avait
sans doute sa raison d'être, mais elle ne s'imposait pas dans
l'état de l'industrie en ce temps-là. Eskrich fut brodeur
aussi bien que dessinateur, peintre et graveur. S'il n'a
jamais pris à Genève que la qualité de peintre et de tailleur
d'histoires, il s'est présenté à Lyon, en quittant Genève en
1564, comme peintre et brodeur, et, pendant son long
séjour à Lyon en dernier lieu, c'est de cette profession de
brodeur qu'il se faisait honneur. Ainsi, on le trouve à Aix-
en-Provenee, chargé d'un travail dont nous ignorons la
nature, et il y déclara, dans un acte de notaire du 15 juin 1584,
être « Pierre Vase, dit Cruche, maistre peinctre et brodeur
à Lyon. » L'année suivante, le 20 février 1585, il signa
comme témoin par devant notaire une quittance délivrée
par le libraire Jean Huguetan, pour une rente payée par la
ville, et c'est encore en se disant maître brodeur, et seule-

  (1) Archives de Lyon, CC 1225, pièce 16, CC 1232,f°4i v° et 42 r°.