Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                    ET LA QUESTION SOCIALE                         519

négateurs systématiques de la Divinité, contribue peu à peu
à édifier en principe. Les mots : Probabilisme, Possibilisme }
Déterminisme ne sont pas seulement de vaines étiquettes
apposées sur les divers problèmes sociaux; derrière eux se
cache la doctrine de la négation absolue. Une sorte de
fatalisme a poussé des racines vivaces dans bien des cœurs,
et le scepticisme greffé sur l'égoïsme a trouvé des adeptes
fervents dans la haute et la moyenne classe de la société.
Pourtant, il faut le reconnaître, un réveil spiritualiste
s'accuse de nos jours. Malheureusement il est plus littéraire
que consciencieux, plus poétique que convaincu (6).
    De nombreux chrétiens s'attachent d'ailleurs non à
l'esprit, mais à l'extériorité de la religion ; une ferveur
 exagérée en entraîne d'autres à des pratiques étroites et
fastidieuses, suffisant à éloigner pour jamais de toute idée
chrétienne les timides et les inquiets. En résumé « cette
conception religieuse, froide, égoïste ou intolérante, n'est
pas la religion et le manque total ou cette fausse notion de
la religion contribuent grandement à multiplier les malaises
sociaux. »
   Le plus souvent le patron est le premier réfractaire aux
sentiments religieux. Il ne considère l'ouvrier que comme
une machine vivante qu'il paie et qui doit fournir un tra-
vail fixé. La charité qui lui ordonne d'exercer une autorité
morale et de veiller sur ceux qui le servent, il n'en a que
faire ; il traite même parfois d'idée creuse le magnifique
précepte de la morale évangélique : « Mes petits enfants



   (6) Cette constatation de M. Borin suffit à montrer la fausseté des
qualificatifs : rêveur utopique et néo-chrétien, dont on l'a, bien à tort,
affublé dernièrement.