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                              BIBLIOGRAPHIE                           469
de Puitspelu a naguère enregistré, en des pages exquises, l'ordonnance
et les traditions de ces tournois nautiques chers aux Lyonnais. Gabriel
Gerin, avec une concision habile, en détaille le récit qui devient épique
par la seule sincérité. Puis l'intrigue se poursuit passionnée, émouvante,
et souvent dramatique. Citons notamment le poignant épisode de
l'inondation. Rassurons toutefois les lecteurs qui n'aiment pas fermer
un livre sur une impression triste. Tout s'arrange. Le loyal Pierre finit
par épouser la jolie Mioun. Nous les retrouvons à la fin unis, assistant
à l'agonie du fleuve qui fut le berceau de leur amour.
    « Et doucement il coulait, calmé, vieilli et comme orgueilleux d'être
«   le seul fleuve d'Europe naissant et mourant sur le territoire de deux
«   peuples libres, fier d'avoir été le « chemin des nations », d'avoir
«   livré passage par son étroite vallée aux religions et aux civilisations
«   montant à l'assaut de la barbarie, d'avoir porté les galères phéni-
«   ciennes, grecques et sarrazines, Annibal et ses éléphants, César et
«   ses légions, d'avoir été tant de fois témoin des luttes héroïques de
«   nos pères défendant leur indépendance contre Rome conquérante.

   « Et maintenant le vieux Rhône moribond portait l'humble couple,
« qui dans une barque, assistait à son agonie.
   « Ses flots mourants se réveillaient, fouettés par la Méditerranée,
qui bientôt recouvrait leur sillon fauve du linceul bleu de ses vagues.
   « Silencieux, Pierre et Mioun regardaient le grand Rhône, s'abîmer
« dans le néant de la mer sous l'infini du ciel. »
   Ce livre au style clair, précis et imagé où il y a de l'action, des
caractères et des paysages est d'une lecture facile et attachante. L'amour
de l'héroïne, malgré la passion méridionale, est plein de fraîcheur et
d'ignorance. Nous serions bien surpris si ce livre sain et honnête, et
quand même très littéraire, n'obtenait pas un succès encore plus large
que celui de : An pays des Etangs, qui s'adressait plus particulièrement à
un public restreint de lettrés.


                                              Tonv MARGNOLE.