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322                       EUGENE LE MOUEL

           On a mis au petit ses habits des dimanches ;
           Sur lui de braves gens ont apporté des fleurs ;
           Mais quand le bruit des flots pénètre entre les planches,
           Sous les cils abaissés perlent encore des pleurs.
                  Il pleure les nuits de tourmente,
                  Où la mer pleine se lamente
                  Sous les rudes assauts de l'air.
           Car le petit Janik avait peur de la mer.

           Mais, au printemps nouveau, quand verdit chaque tombe,
           Au temps des calmes flots, l'enfant fait son sommeil,
           Quand les vents engourdis se sont tus et qu'il tombe
           Sur les bourdonnements un rayon de soleil ;
                  Il dort dans le parfum des sèves,
                  Et sans souci des mornes grèves,
                  Il fait un rêve décevant !
           Car le petit Janik avait peur du grand vent.

  Je ne puis m'empêcher de rapprocher de ce passage les
beaux vers bretons, plus souriants, de M. Quellien.
    « La fille du pêcheur est partie, jeune et belle comme un ange, est
«   partie pour le paradis... Qu'elle est plus heureuse, la jeune fille,
«   puisqu'elle n'était pas riche, d'être allée au ciel encore enfant ; —
«   au ciel d'où elle viendra parfois visiter son grand-père aveugle. —
«   Du moins elle ne regrette pas le monde qu'elle a quitté; son âme
«   est encore blanche comme la neige, et toutes blanches sont ses deux
«   ailes (4). »


                                    III

   Le dernier recueil de vers de M. Le Mouël, intitulé
« Fleur de blé noir (5) » n'est pas moins remarquable que
ses poésies précédentes (6).

  (4) Cf. Annaïk, Paris, [Fischbacher.
  (5) Il a été précédé des Enfants bretons, volume couronné par l'Aca-
démie française. Paris. Lemerre.
  (6) Paris, Lemerre, 1893.