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            LE ROMAN D UNE MERLETTE

      Or un merle blanc, qui l'ignore ?
De Paris à Java, du couchant à l'aurore,
C'est un rare phénix que nul n'a pris encore.

       « Ma petite, à vous parler franc, »
Lui disait son vieux père, un merle sage et grave,
        « Vous faites trop la hautaine et la brave;
        « Trop prolonger ce jeu n'est pas prudent.
« Ainsi sans y penser souvent on s'achemine
       « A coiffer sainte Catherine. »
Elle n'en avait cure, et dès qu'un prétendant
       Las du martyre osait pousser sa pointe
       Et déclarer son amour sans contrainte,
Pour le remettre en son rang comme il faut,
Vite elle lui clouait à l'épaule un défaut :
       L'un avait la taille mal prise;
L'autre au bout de la queue une plume si grise !
Celui-ci chantait trop, et celui-là trop peu ;
X habitait un bois maussade et misérable;
Z pour parente avait quelque part en bas lieu
        Une huppe désagréable.
Bref le pauvret du coup restait sur le carreau ;
       C'était vraiment un massacre nouveau
       Des Innocents : ils gisaient par douzaines.
       L'une après l'autre les semaines
       Cependant déjà s'écoulaient ;
Mars, puis Avril, bientôt Mai s'envolaient ;
Mille couples unis façonnaient à leur guise
Leurs palais mollement caressés par la brise;
De jeunes habitants quelques-uns se peuplaient,
       Et je ne sais si ma merlette,
              Toute seulette,