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                          SOUS LA TERREUR                              81

ordonnèrent l'arrestation immédiate des signataires, déférant
ceux-ci à a la Commission de justice populaire séante à
Ville-Affranchie ci-devant Lyon. »
   A peine arrivés à la prison de Roanne (5), les adminis-
trateurs du Puy-de-Dôme y furent bientôt rejoints par
l'ancien constituant Huguet (de Billom), Dijon de Saint-
Mayard(6), ancien avocat général à la Cour des aides, et
plusieurs autres citoyens arrêtés sous la vague inculpation
de fédératisme, sur la dénonciation de François Rouillon,
juge de la Commission de justice populaire, Auvergnat lui
aussi, qui se distinguait alors par son ardeur à signaler des
victimes aux autorités révolutionnaires.
   L'heure de la comparution des accusés devant la
Commission de justice approchait. Chaque matin les admi-
nistrateurs du Puy-de-Dôme assistaient à la scène terrible
du tableau de Muller, l'Appel des condamnés, et chacun pou-
vait se dire comme le poète André Chénier :

                 Peut-être est-ce bientôt mon tour!...

  Tout espoir semblait interdit aux suspects. C'était comp-


« Cela était vrai, ajoute l'historien de Dulaure. Hélas ! qu'importe aux
victimes de devoir la mort à la faiblesse ou à l'exaltation ! La faiblesse
n'est souvent pas moins meurtrière que la méchanceté. Maignet n'eût
pas le courage de préférer l'impopularité ou la mort à la complicité des
crimes dont le souvenir l'oppressa jusqu'à la fin de sa vie. Cruel par
nature, non. Mais terroriste par peur. »
   (5) On sait que l'on désigne encore de ce nom à Lyon la prison
attenant au Palais de justice.
   (6) Dijon de Saint-Mayard fut condamné à mort et exécuté à Lyon,
dans une fournée de soixante-sept victimes. Huguet fut relâché à la
demande du corps municipal de sa ville natale.