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32 SOUVENIRS DE LYON dont il réglait l'observance et la durée, en frappant avec un marteau sur un coin de la table où il mangeait avec ses con- frères. L'année pendant laquelle je fis le service d'interne vit nos repas strictement maigres pendant toute la durée du carême, parce que notre doyen avait négligé de demander la permission de faire gras : ce dont quelques-uns se dé- dommageaient en apportant avec affectation de la char- cuterie. L'Hôtel-Dieu était desservi par des Frères et des Sœurs, sous le patronage de Sainte-Marthe. Les premiers, beaucoup moins nombreux, se distin- guaient par une plaque d'argent sur le côté gauche de la poitrine. Ils étaient chargés des services extérieurs et non de celui des madales. Ils fournissaient des écrivains au bureau des entrées, à l'économat, des surveillants des propriétés de l'hôpital, des ouvriers forgerons, menuisiers, bouchers, boulangers, etc. Les Sœurs étaient fort nombreuses et de deux classes : les aspirantes et les crcisèes. Ces dernières avaient prononcé des vœux renouvelables tous les cinq ans, et portaient sur la poitrine une croix d'argent. Les unes et les autres étaient attachées au service des malades dans les salles, à la phar- macie, à la cuisine, à la lingerie, au blanchissage, etc. J'ai gardé le souvenir de la vieille Sœur Claire attachée à la salle des opérés, qui comptait plus de cinquante ans de service et avait connu le célèbre chirurgien Pouteau, dont une rue de Lyon porte aujourd'hui le nom. La fête de Sainte-Marthe, qui était celle de la commu- nauté, se célébrait avec une grande solennité. Ce jour-là , au milieu du dîner, un Frère et une Sœur délégués s'appro- chaient de la table des internes, et, avec une sorte de cérémonie, les invitaient à venir prendre le café dans le jardin