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 de la pharmacie. Là il était fait un honneur mérité au café,
 au gloria, aux liqueurs et aux élixirs offerts avec un gracieux
 empressement par les Frères et les Soeurs de la pharmacie.
 Ces consommations, toutes d'excellente qualité, faisaient
 naître chez tous les invités une douce gaîté et une honnête
 cordialité (8).
   En 1820, l'Hôtel-Dieu était le seul hôpital où l'on rece-
vait à Lyon les malades indigents et payants d'une popu-
lation de plus de 200.000 âmes et d'une garnison composée
de deux légions, d'un régiment suisse (9) et d'un régiment
de cavalerie. Cet établissement était tout à fait insuffisant
et par conséquent ordinairement encombré. Aussi il n'était
pas rare qu'on fût dans la triste nécessité de placer deux
malades dans le même lit; usage malsain et répugnant,
assez fréquent autrefois, où la nécessité l'emportait sur la
délicatesse, comme le prouvent la construction solide en
fer et la largeur de ces lits à colonne et à pentures.


   (8) La pharmacie de l'hôpital jouissait d'une très grande réputation
pour la bonne qualité et le prix très modéré des remèdes, dont la vente
considérable était pour l'hôpital une source de revenus.
   (9) Un des aide-majors de ce régiment dit de Salis avait un frère
jumeau qui étudiait la médecine et qui le remplaçait souvent dans son
service. La ressemblance physique et même morale de ces deux frères
était si parfaite que jamais dans le régiment on ne soupçonna cette
substitution.
   En 1822, le jour de la Saint-Louis (25 août), des officiers du régi-
ment suisse, après avoir, par de nombreuses libations, célébré la fête du
roi, entrèrent bruyamment au Grand-Théâtre, où ils demandèrent en
criant à l'orchestre de jouer l'air de Vive Henri IV ! Alors une voix
du parterre leur répondit par cet impromptu :

       Et vous, Helvétiens, quelle ardeur vous emporte !
       Henri quatre vivant vous f... (mettrait) à la porte.
     N° 1. — Juillet 1893                                      3