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370                        LUTHERIE

n'étant point issue d'un vote, mais s'étant établie par sa
propre vertu et par le témoignage des contradictions insen-
sées, le violon seul chante, le violon seul est juste, bien
que des grands artistes soient arrivés à force de travail à
faire chanter des instruments rétifs, et à leur donner une
justesse relative.

   La justesse absolue n'est possible qu'avec lui, l'expression
de même. Le violoniste crée la note, en modifie l'intensité,
l'avance ou la recule d'un centième de ton par une seule
pression du doigt, et n'est pas obligé d'employer un timbre
fixé et invariable comme dans les instruments à touches ou
à trous.
    Dans son ensemble, la forme du violon n'est point arbi-
 traire et faite uniquement pour le plaisir des yeux. Tous les
détails de sa charpente concourent à sa perfection par leur
distribution harmonieuse. De là le choix judicieux des bois
à employer, sapin et érable ; de là, la dimension des
modèles, qui trop restreinte ou trop exagérée, peut favoriser
certaines cordes au détriment des autres, et la composition
des vernis destinés à conserver les bois, à en rehausser
l'éclat, sans couvrir d'un voile opaque leurs veines et leurs
ondes. De là, les règles de la barre, de l'âme, des éclisseset
du chevalet, de l'archet enfin, baguette magique évoquant
les voix cachées sous les voûtes de l'instrument.
  La série des luthiers commence à Kerlino de Brescia
(1450); vient ensuite Duiffo-Pruggard de Bologne, origi-
naire du Tyrol. Après lui Gaspard deSalo, de Brescia (1560),
lourd de formes. Téresa Milanollo a joué longtemps sur
un violon de ce maître. Puis Magini, remarquable par ses
grands patrons, son vernis jaune, ses sons ouverts et
éclatants.