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LUTHERIE 37I Vuillaume en avait fait une belle copie pour un amateur de Bordeaux. C'était au temps où ce luthier imitait avec minutie les anciens instruments jusque dans leurs fêlures, leurs raccommodages, les souillures de leurs vernis et même dans la maturité de leurs sons. Procédé enfantin, nécessaire alors pour attirer l'attention sur le mérite de Vuillaume. Ses violons, vieux d'aspect et de son à leur début, perdaient au lieu de gagner. Une fois les vrais principes établis par cette tentative et hors de contestation, il renonça, ainsi que les autres luthiers aux pastiches, pour ne conserver des maîtres que les qualités réelles. En résumé, le son dépend tellement de la forme, que Vuillaume et ses imitateurs ont obtenu la reproduction exacte des qualités de leurs modèles. Citons un tour de force en ce genre dû à notre luthier Pierre Sylvestre, la copie d'un superbe Lupot, donné comme premier prix du Conservatoire au violoniste Baumann. Sylvestre avait reproduit non seulement sa forme, ses pro- portions et son bois, mais encore l'usure du vernis et des angles et l'inscription aux armes de France posée sur les éclisses. Un autre violoniste de talent, Pontet, l'essaya et le déclara un vrai Lupct authentique. Sylvestre riait dans sa barbe de la méprise, et malgré son triomphe de luthier s'obstinait à n'en demander que cent écus ; un Lupot aurait valu trois fois cette somme. Et Parisio, type digne du crayon d'Hoffmann, M. Gallay n'a eu garde de l'oublier dans ses notes. Parmi les instruments célèbres de Stradivarius, on cite souvent la basse de Duport, actuellement M. Franchomme. M. Gallay raconte comment elle fut commandée à cet artiste par un médecin de Lyon. Je regrette qu'il ne donne