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SOCIÉTÉS SAVANTES 229 Séance du îg mars 1889. — Présidence de M. Léon Roux. — M. le Président adresse ses félicitations à M. Bouillier, membre émérite, et président de l'Académie des Sciences morales et politiques, qui assiste à la séance. — M. Bouillier remercie la Compagnie des témoignages de sympathie dont il est l'objet et lui fait hommage du dernier ouvrage qu'il vient de publier sous ce titre : Questions de morale pratique, dont un chapitre intitulé : Encouragement au bien et prix de vertu, concerne particulièrement l'Académie de Lyon, qui partage, avec l'Académie française, le privilège de décerner des prix de vertu. — M. Locard communique une étude sur les Escargots sympathiques, qui firent un certain bruit, en 1850, grâce à la presse parisienne, qui vit dans cette prétendue découverte, une invention qui devait rivaliser avec le télé- graphe électrique. Malheureusement ce n'était là qu'une mystification, due à un halluciné, nommé Benoit (de l'Hérault), qui vint à Paris, en 1849, pour faire connaître sa découverte. Sous le prétexte qu'une sorte de fluide sympathique existe entre deux escargots, mis momenta- nément en rapport, Benoit avait fait construire deux boîtes carrées, dans lesquelles il avait placé une série de godets, portant chacun une lettre de l'alphabet, et renfermant un escargot, dont chaque mouvement devait être reproduit par l'escargot du godet correspondant. Après une première épreuve tentée dans des conditions fort suspectes, Benoit dis- parut, quand il fut mis en demeure de la répéter sérieusement, en laissant seulement le souvenir d'une mystification n'ayant eu d'autre mérite que d'occuper pendant quelque temps l'attention des Parisiens. Dans cet essai de communication à distance, Benoit avait été encou- ragé surtout par le concours du nommé Alix, qui devait devenir plus tard membre de la Commune, et dont les récits fantaisistes dans le journal la Pra.K! avaient contribué à donnera cette prétendue découverte une célébrité qu'elle ne méritait guère. M. Rougier donne lecture d'une étude sur la Balance du commerce. Peu de questions sont plus connues, mais aucune peut-être n'est entourée de plus d'erreurs et de préjugés. Il en est ainsi, notamment, de l'axiome vulgaire, d'après lequel un pays, où l'importation l'emporte sur l'exportation, marcherait inévitablement à sa ruine. Les faits démen- tent, en effet, chaque jour une doctrine aussi absolue. La richesse d'une nation ne vient pas toute du numéraire. C'est là une erreur qui remonte au xvi« siècle, époque où l'accroissement des espèces monnayées vint accroître le luxe et le salaire des travailleurs. De là sont venues