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      ÉTUDE SUR DON QUICHOTTE ET PICKWICK-CLUB             l8)

   Et voilà M. Pickwick qui se met en campagne, avec son
sac de nuit, son chapeau mécanique et son parapluie.
Trois de ses amis, ses collègues, ses admirateurs dévoués,
veulent le suivre et s'attachent à ses pas ; trois caractères
divers non moins plaisants chacun dans son genre, et qui
donnent lieu à nombre d'épisodes divertissants. Si Dickens,
comme nous le croyons, a pensé à Don Quichotte, il a
jugé sans doute avec raison que la douce folie de son héros
prêtait moins aux aventures que celle de l'amant de Dul-
cinée, et qu'il fallait y mêler d'autres éléments d'intérêt et
de gaieté. Il y a certes bien réussi. Toutefois son oeuvre
plus compliquée laisse un peu regretter la simplicité lumi-
neuse du livre de Cervantes.

   Les quatre amis, M.Pickwick en tète, vont donc çà et là,
au hasard, à la recherche de sujets d'études dignes de leur
zèle scientifique. Il y a trois sciences qui semblent être à la
portée de tout le monde, et qui par conséquent sont fort
goûtées des amateurs : l'histoire naturelle, l'archéologie et
la statistique. A côté des vrais savants dont elles sont le
domaine, les esprits superficiels et les savants d'occasion y
trouvent à glaner; aussi c'est là qu'ils se jettent de préfé-
rence, prenant des niaiseries insignifiantes pour de grandes
découvertes, s'admirant eux-mêmes, et se faisant admirer
des simples qu'ils étourdissent par leurs grands mots. A
côté des vrais naturalistes, il y a les collectionneurs ; à côté
des érudits et des statisticiens sérieux, qui de nous ne
connaît quelques-uns de ces personnages que notre char-
mant comique Labiche met si plaisamment en scène dans
plusieurs de ses comédies ? Par exemple ce M. Poitrinas qui
prend une vieille lèchefrite pour un bouclier romain, et un
vieux vase cassé (et quel vase !) pour un lacrymatoire de