page suivante »
362 LUTHERIE encore en usage sous Louis XV et que l'on retrouve dans quelques collections, malgré que l'on en ait mutilé beau- coup pour fabriquer des altos. La division actuelle du qua- tuor en violons, alto et violoncelle, se reproduisait par les par dessus de viole, la viole d'amour et la viole de Gamba ou basse de viole. Pour transformer les instruments, il a suffi d'une modification à leur coupe élégante, mais peu favorable à la sonorité, et de la suppression de quelques cordes inutiles et gênantes, notamment celles qui dans la viole d'amour se trouvaient en dessous des autres et ser- vaient à augmenter la vibration des cordes supérieures. Une qualité de son, douce et un peu voilée, distinguait les violes; si leur timbre manquait de force et de portée, il était agréable et d'un caractère particulier. Leur disparition est donc regrettable, elles introduiraient une variété pi- quante dans la musique de chambre et même dans l'or- chestre. Plusieurs maîtres célèbres, entre autres Sebastien Bach, leur ont confié des rôles importants et ces ouvrages sont perdus pour nous par l'absence de ces interprètes. L'Ecole française commence beaucoup plus tard avec Lupol, car Guersan, Pique et ses autres prédécesseurs ne sont pas assez forts pour entrer en ligne. Les violons de Lupol sont d'une coupe heureuse, rappelant quelquefois celle de Stradivarius, et d'un beau vernis, un peu durs quand ils ne sont pas travaillés. Ils n'eurent pas d'abord la vogue dont ils jouissent maintenant. A ce luthier succéda Gant, qui laissa une réputation incontestée dans l'art de réparer les instruments et qui joignait à son habileté une conscience et une probité antique. On se rappelle avec quel soin et quelle patience il montait un violon, fût-il des plus médiocres. La pose d'un chevalet, le choix d'une