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                            LUTHERIE                          363

 chanterelle l'occupaient quelquefois un jour entier, tant il
 craignait de laisser sortir de ses ateliers un ouvrage imparfait.
    Lorsque vers la fin du siècle dernier, les sciences exactes
 prirent une nouvelle impulsion, des essais furent tentés
 pour déterminer d'une manière précise la meilleure forme
 du violon, et arriver au moyen du calcul à produire auss1
 bien, sinon mieux, que les anciens luthiers. Aucun ne
réussit : les combinaisons mathématiques restèrent infé-
rieures aux inspirations du génie, les formes arrondies ou
triangulaires, le changement des ouies, tout cela fut inutile
et la forme de Stradivarius, duc peut-être au hasard, resta
maîtresse du terrain.
   De ces recherches, il surgit pourtant un axiome servant
de base à toute la lutherie moderne : c'est que la qualité
d'un violon tient uniquement à ses proportions et non à
 son plus ou moins de vieillesse. Ainsi un violon bien fait
est bon en sortant des mains de l'ouvrier, de même qu'un
violon mal fait reste mauvais au bout de cent ans. Seule-
ment, le temps et l'usage développent les qualités pre-
mières, dépouillent le vernis, sèchent le bois et par là faci-
litent l'émission du son sans en changer la nature. Il est
même probable, bien que cela n'ait pu être vérifié, qu'un
violon joué par une main habile arrivera plus tôt à la mani-
festation de ses qualités, les vibrations de l'air pourront
agir sur les molécules du bois dans de plus justes rapports.
   D'après ces données, M. Vuillaume, luthier à Paris,
entreprit de régénérer la facture des violons, non pas en
innovant, mais en copiant d'une manière exacte les patrons
des bons auteurs. Il arriva ainsi à des imitations complètes,
non seulement quant à l'aspect extérieur, mais encore
quand aux mérites intrinsèques et aux qualités particulières
à chaque maître. Les autres luthiers l'ont suivi dans cette