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138        LES VOYAGES DE MADAME DE SÉVIGNÉ

 Bagnols, situé à une demi-lieue du Bois-d'Oingt, sur la
 route de Tarare à Villefranche, dominant la vallée d'Azer-
 gues, a eu le rare bonheur de ne subir jusqu'à ce jour ni
 démolition, ni restauration, si ce n'est qu'il a été décou-
ronné de ses tours ramenées au niveau du toit. Le corps
 de bâtiment construit en carré avec cour intérieure, l'en-
 ceinte des fossés, les vastes appartements avec leurs boise-
ries et leurs fermetures anciennes, la belle salle d'honneur
 avec sa cheminée monumentale, tout cet ensemble intact
 et bien conservé, aide puissamment l'imagination à se repré-
 senter l'arrivée de la marquise de Sévigné dans cette noble
demeure, son carrosse roulant lourdement sur le vieux
pavé, franchissant le pont-levis et l'antique porte voûtée,
 et «'arrêtant au bas de l'escalier dans la cour intérieure,
 près du vieux puits qui conserve encore sa garniture de fer.
Mais, sans doute, tout cela n'est qu'un rêve, car il est
remarquable que la voyageuse, qui note soigneusement les
étapes et les visites à ses amis, surtout lorsqu'elle dut pour
les faire, comme à Bagnols, s'écarter de sa route, ne parle
 nulle part de celle-là. En tout cas, si, comme le rapporte la
tradition locale, elle a visité Bagnols, ce ne peut être qu'en
 1690, lors de son grand voyage de Vitré à Lyon, ou à son
retour à Paris, à la fin de l'année suivante. En 1690, elle
venait de Moulins et passa à Tarare. Elle était accompagnée
de l'abbé Charrier, dont la famille fut alliée à celle des
du Gué-Bagnols. Dans une lettre du 13 novembre 1690,
elle dit qu'elle a pris en route quelques jours de repos,
peut-être était-ce au château de Bagnols.
    Mme de Sévigné et Mme de Grignan, revenues ensemble à
Paris à la fin de 1691, ne se quittèrent plus jusqu'au prin-
temps de l'année 1694. Le 23 mars de cette année-là, la
comtesse de Grignan repart seule pour la Provence, d'où