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                        DANS LE LYONNAIS                            I9

la main de sa fille aînée, Madeleine de France. C'est ce que
racontent les vieilles chroniques rappelées par M. Vachez à
propos des voyages d'Abraham Golnitz, qui suivait, 40 ans
avant elle, la même route que la comtesse de Grignan ( r ) .
    Arrivée à Lyon le dimanche 15 février, après un voyage
de 125 lieues franchies en 10 jours, Mme de Grignan, au
lieu de prendre du repos, dut subir les fêtes données en
son honneur par les familles du Gué-Bagnols. et de Roche-
bonne. Sa mère lui prédit qu'elle sera si étourdie des
honneurs qu'on lui fera, qu'elle n'aura pas le temps de lire
ses lettres. Elle se préoccupe des succès, des toilettes de sa
fille; elle veut savoir si elle a été trouvée belle. M me du Gué
lui écrit de Lyon que la jeune comtesse a été trouvée belle
comme un ange ; qu'elle est charmée d'elle et contente de
ses politesses. Mme de Sévigné, plus ravie de ces succès que
la comtesse elle-même, excédée de tant de fatigue, ne craint
pas de flatter son amour-propre et lui écrit à Lyon : « Il
« est vrai que la dignité de beauté où vous avez été élevée
« n'est pas d'une petite fatigue. Si vous.n'étiez point belle,
« vous vous reposeriez : il faut choisir. Votre paresse me
« fait peur ; ne la croyez pas sur ce choix ; il n'y a rien de
« si aimable que d'être belle ; c'est un présent de Dieu qu'il
« faut conserver. Vous savez comme j'aime votre beauté ;
« mon amour-propre m'y fait prendre intérêt ; je vous la
« recommande pour l'amour de moi. Il me semble qu'on
« va me trouver bien habile en Provence d'avoir fait un si
« joli visage, et si doux et si régulier. Vous êtes fâchée que
« votre nez ne soit pas de travers, et moi, qui suis rangée,
« j'en suis ravie. »


  (1) A. Vachez. Les deux voyages d'Abraham Golnitz dans le Forez et le
Lyonnais au XVII siècle.