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402                 CINQ JOURS A DRESDE.

Liedertafel de Dresde, excellente société chorale que Rei-
chel dirige. Je le trouvai entouré de tous ses chanteurs;
chacun avait avec lui sa femme, sa sœur ou sa fiancée.
On se forma en cortège en se tenant par la main, hommes
et femmes, sur huit de front, et l'on partit au-devant du
présent américain. En route, nous rencontrâmes une mu-
sique militaire qui venait de jouer dans leSaengerhalle; on
l'arrêta au passage, et quand elle snt de quoi il s'agissait,
elle se mit gracieusement en tête de notre petite caravane
en jouant des pas redoublés. Une escouade de gymnasiar-
ques qui se trouvait là se plaça en escorte à droite et à
gauche ; la foule au loin suivait par derrière, en grossis-
 sant à chaque instant, et le cortège devenait imposant.
J'admirais avec quelle facilité et quelle simplicité tout s'or-
ganisait, sans ordres donnés, sans préparatifs, sans cohue,
avec le seul désir de bien faire.
   On fit halte derrière le palais des chanteurs, et le drapeau
rayé rose et blanc, constellé dans un coin d'étoiles d'or sur
un fond bleu, fit son apparition aux acclamations des
membres du Liedertafel. L'Américain qui le portait fit un
discours en allemand, et je compris, aux frémissements de
la foule, qu'il parlait de liberté; je crois, ma parole, que
l'orateur, oubliant que la guerre avait failli l'empêcher
de venir à la fête, voulait faire croire à l'assemblée qu'on
n'était libre que de l'autre côté de l'Atlantique. Quand il
eut fini il remit l'étendard à Reichel qui répondit ainsi
qu'un membre du comité. Ce diable d'allemand n'est pas
facile à comprendre, je vous en réponds, mais je commen-
çais à être assez familiarisé avec les idées de ceux qui
m'entouraient pour deviner que dans ces discours on par-
iait beaucoup de l'union américaine et de l'union alle-
mande; mais ce qui vous étonnera, c'est que l'union alle-
mande enviait l'union américaine. On n'est jamais content
de ce qu'on a !
  Nous convînmes entre nous, pour éviter les allées et
venues du matin, que pour ce jour-là notre point de rallie-