Pour une meilleure navigation sur le site, activez javascript.
page suivante »
                ANCIENNES FAÃENCERIES LYONNAISES.                     305
Griffon, autrement dit des Terrailles. » —Le 9 septembre 1636, un
alignement est donné à Nicolas Desvignes pour bâtir une maison en
face de lapetite porte delachapeliedes Feuillants, «me des Terrailles,
tendant de la place Romarin aux courtines du Rhosne, »— Enfin, le
19 juin 1637, le même Nicolas Desvignes (qui fut plus tard échevin)
reçoit un autre alignement pour «une maison et muraille de jardin fai_
sant trois faces : l'une sur la rue des Terrailles, autrement appelée
des Feuillants, » etc.

   Voilà qui est significatif. Le mot terrailles, employé au pluriel dans
trois actes et à autant de dates différentes, ne prouve-t-il pas péremp-
toirement, — tout en écartant la question de nom propre, à laquelle
on aurait pu se méprendre, — que le quartier traversé par les rues du
Griffon (qui portait également un autre nom que je n'ose écrire ici),
Terraille et des Feuillants fut le centre de la fabrication et, en même
temps, du commerce de la poterie ? Car une relation intime dut très
certainement exister entre les deux ordres de faits : j'entends par là
qu'à proximité de l'usine se trouvait le magasin, c'est-à-dire que la
vente des produits céramiques s'opérait sur le lieu-même de leur con-
fection, et que le manufacturier y livrait directement sa marchandise
aux chalands de n'importe quelle catégorie, revendeurs au détail ou
autres. Je pourrais citer des exemples analogues, pris dans certaines
industries locales de ce temps-là.

   Ainsi donc ma première conjecture ne m'avait pas trompé, puisque,
—telle est du moins ma conviction, déduite de ce qui précède,— l'in-
dustrie céramique était exploitée dans le quartier du Griffon et, la chose
va sans dire, dans son voisinage immédiat, qui était alors parsemé de
vignes et de jardins.

  Quant aux simples marchands do faïence, ils paraissent avoir con-
centré leurs boutiques dans la rue deBourgneuf.aujourd'hui le quai de
Pierre-Scise, à une époque que je ne saurais préciser, mais qui, en
tout cas, remonte au moins à un siècle et demi. C'est ce que nous
apprend une vieille enseigne en bas-relief que Mmo veuve Sourd a main-
tenue au-dessus de la porte de son magasin de poteries, situé quai de
Pierre-Scise, n° 28 ; elle représente un Indou, qui s'élance, le
bâton à la main, sur un individu, que je crois être un Chinois, pour
lui enlever une énorme amphore qu'il tient entre ses bras. Ce dernier,
                                                            20