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154                      BIBLIOGRAPHIE.

 de M. Carlhant, il doit pousser vers une nouvelle voie la lit-
 térature dramatique. Qu'un directeur de théâtre ose mettre a
 l'étude cette tragédie magnifique, et il verra la foule, une
 foule prise dans tous les rangs, accourir s'enivrer d'émo-
 tions fortes et vraies à l'audition de ce chef-d'œuvre ! Ce jour-
 la, la tragédie moderne aura pris possession de la scène
 française.
    Cet essai serait une révolution littéraire, et ceux qui dou-
 tent du bon sens et du bon goût publics seraient surpris
 de constater le même niveau d'impression dans les esprits
 d'élite et dans les âmes peu cultivées. Que cet espoir se réa-
 lise ou se fasse poursuivre longtemps encore, l'Å“uvre de
 M. Carlhant n'en restera pas moins une saisissante réaction
contre le marasme dans lequel croupit la littérature drama-
 tique. La traduction est versifiée avec la plus facile élé-
gance; on y sent partout un profond respect pour la pen-
 sée de Shakespeare. C'est l'esprit et non pas seulement la
lettre que le traducteur s'est attaché à pénétrer. Aussi cette
communion intime avec un grand génie a fait passer dans
l'âme de M Carlhant quelque chose de sa puissance ; et
même à ceux qui pourraient lire Jules César en anglais, il
faudrait recommander la belle étude qui précède la traduc-
tion, et dans laquelle l'auteur se montre a la fois philoso
phe, critique profond et novateur. La presse parisienne a
payé à M. Carlhant un juste tribut d'éloges. Lyon, cette
ville si fière de toutes ses illustrations, devait a son tour
s'enorgueillir d'un succès littéraire qui lui appartient plus
étroitement, puisque M. Carlliant est Lyonnais.
                                               S.   BLANDY.




      3 juin 1865.