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CO LES BEAUTÉS DE DANTE. jamais séparée de l'évidence, ni la force de la grâce Vrai modèle de perfection esthétique. C'est au point qu'on peut appliquer à Dante ce qu'on a dit de la nature, à savoir qu'elle est aussi admirable dans les détails que dans l'ensemble, dans les petites que dans les grandes choses, et qu'elle déploie au- tant de sagesse et de soins dans la composition d'un brin d'herbe, d'un insecte, d'une petite fleur que s'il s'agissaitée sa plus noble création. El dans notre poète, comme dans la nature, le type intellectuel prévaut sur la matière, et l'esprit sur les sens et la fantaisie, d'où naît l'idéalisme et la moralité de la fable épique, sans cesser pour cela d'intéresser au plus haut point le lecteur. C'est grâce au principe de création, qui domine dans toutes ses fantaisies, que Dante plane comme un aigle au-dessus des anciens comme des modernes, car le dogme de création n'est pas une simple abstraction, mais un principe vivant, réel et perpétuel qui prédomine dans l'imagination comme dans l'es- prit et dans l'univers, et communique aux œuvres qu'il in- forme le cachet d'une incontestable beauté el d'une jeunesse éternelle. C'est pourquoi la lecture du divin poème sera tou- jours une source intarissable d'inspiration pour les écrivains elles artistes. Ce n'est pas tout : grâce à ce même principe, le génie de Dante a pu pénétrer, par la pensée, dans les profondeurs de l'avenir et devancer les générations qui se succédèrent, au point de paraître, aux yeux de celui qui se donne la peine de le méditer, plutôt comme un prophète ou un descendant que comme un contemporain ou un aïeul. C'est donc avec raison, comme l'a dit son plus fidèle et plus élégant traducteur, M. Fiorentino, « que l'Italie montre avec orgueil dans la divine trilogie des drames terribles d'une som- bre couleur, des scènes émouvantes ou comiques, des épi- sodes sublimes, esquissés en quelques vers. Francesca da Ri-