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                             MACAULAY.                           493

                                 H.

   Maeaulay a commence par être un éminent scholar, et je ne
saurais trop insister sur ce point dès le début ; car là est la pre-
mière raison de sa supériorité. Le scholar, en Angleterre, n'est
pas seulement comme chez nous le jeune homme qui a fait de
bonnes classes; c'est celui qui est resté à l'université jusqu'à
vingt, quelquefois jusqu'à vingt-cinq ans, non pour ébaucher,
mais pour mûrir sa raison et son talent avec les humanités, prises
dans leur sens le plus sérieux et le plus sage. C'est celui qui à
l'âge où nous sommes déjà parqués, spécialisés dans des études
pratiques, a continué ces études générales qui forment l'homme,
s'inspirant de l'antiquité non comme d'une lettre morte, mais
comme d'une lettre vivante, et faisant au milieu de jeunes gens
d'élite le plus solide apprentissage de la vie littéraire et de la vie
publique. Aussi, Messieurs, tandis que les meilleurs élèves de
nos collèges en sortent seulement bons humanistes, les meil-
leurs élèves des universités anglaises en sortent-ils bons cri-
tiques , bons littérateurs , et déjà ce qui est plus difficile, mais
Maeaulay en est la preuve, bons historiens.
   Je suis frappé de ce genre de supériorité qu'ont les élèves des
universités anglaises, et je ne suis pas étonné qu'ils rapportent
aux universités les succès qu'ils obtiennent plus tard,- elles peu-
vent a"bon droit en revendiquer la part la meilleure. L'homme
grandira au contact instructif de la vie active; il grandira par le
travail et par l'expérience, par les succès qu'il obtiendra et plus
encore par les obstacles qu'il devra combattre ; mais il sera sorti
de l'école tout formé, et comme disaient les anciens, instructus
 omnibus armis. II aura cette solidité qui ne s'acquiert plus, et
 dont l'absence irréparable est une lacune pour la vie entière.
   Vous m'excuserez d'ouvrir ici une courte parenthèse, mais elle
est trop naturelle pour que je ne m'y arrête pas. Combien n'est-
elle pas importante chez nous la mission du haut enseignement,
destinée à donner précisément à la génération sortant de nos
écoles, ce je ne sais quoi d'achevé qui fait la supériorité de la
jeunesse, et qui fera un jour celle de l'âge mur? N'est-ce pas