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244                      ÉLOGE HISTORIQUE

forces et ma santé, et aujourd'hui que je touche au terme de
ma carrière, je n'ai pas la certitude d'avoir rien produit de
vraiment beau, ni de vraiment utile (p. 505 et 513). »
   Le jeune magistrat dut être content de cette soirée , qui
l'avait fait asseoir à côté de tant de grandeurs et de célébri-
tés, et qui ouvrait de brillantes' perspectives U sa légitime
ambition. Malheureusement l'envie vint traverser ces déce-
vants augures et L'un de ses chefs dans la hiérarchie, qui,
jusque-là, semblait sourire à ses succès, lui témoigna depuis
lors une froideur glaciale et eut la naïve petitesse de lui
 dire, dans une entrevue : « Monsieur, vous vous êtes adressé
à plus haut que moi, obtenez maintenant par cette voie l'a-
vancement que je vous réservais, car je ne m'en occuperai
plus à l'avenir. » Ainsi, le festin royal eut aussi son quart
d'heure de Rabelais, pour notre confrère, qui s'en consola
par ce quatrain improvisé :
        Philippe, en accueillant ma légère brochure,
        D'une place à sa table a daigné m'honorer :
        Ce dîner-là m'a fait grand bien, je vous assure,
        Mais Monsieur Barbotcau n'a pu le digérer.
                                             {Vie judiciaire, p, 51).

    11 quitta ensuite la capitale pour se rendre 'a Montbrison,
où il trouva à la tête du parquet un ancien condisciple,
M. de Leuillon-Thorigny, également membre de cette So-
ciété, Les sessions d'assises, qui suivirent son installation ,
furent laborieuses, les crimes même ordinaires augmentant
généralement le lendemain d'une révolution, à cause de
l'ébranlement imprimé au corps social par le changement de
régime. Le jury, d'ailleurs, ne fut pas au-dessous de sa
mission, la répression fut énergique et six condamnations
capitales furent prononcées ensuite de ses verdicts. Pour
son début devant la juridiction criminelle, M. Servan de
Sugny porta la parole contre un individu qui avait empoi-