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486 LES ARTISTES LYONNAIS A PARIS. II faut ajouter qne plus la pensée exprimée par les person- nages d'une composition se rapproche de la contemplation pure, plus elle se prête à ce caractère d'harmonieuse beauté et plus aussi elle se plie aux effets simples et solennels de l'art monumental. Mais ce n'est pas encore là l'aspect sous lequel m'ont le plus frappé les peintures de Saint-Vincent-de — Paul; les frises et les chapelles de Saint-Paul de Nîmes m'a- vaient déjà révélé ces qualités de M. Flandrin. L'écueil de son talent est ailleurs, il est habituellement dans l'expression. Trop souvent on retrouve la tête du modèle d'atelier sous la phy- sionomie individuelle réclamée par le sujet. Trop souvent aussi cette expression est loin d'être élevée et surtout marquée au coin d'une personnalité fortement tranchée. J'ai donc été singulièrement frappé en trouvant dans les figures de Saint- Vincenl-de-Paul une énergie et une passion auxquelles ne m'avaient point préparé les ouvrages précédents du même artiste. La froideur était, d'ailleurs, un défaut moins redoutable dans une série de scènes où il n'y a pas, à proprement parler, d'action matérielle: aucune disposition ne pouvait mieux s'a- dapter aux facultés de M. Flandrin , mais aussi nul ne pouvait mieux que cet artiste l'exprimer avec une grâce austère. Je voudrais pouvoir m'arrêter sur chaque détail et signaler milledélicalessescharmantes,maisilfautse contenter de nom- mer en passant quelques figures parmi les plus belles. C'est d'abord une sainte Pélagie, vêtue de blanc, à laquelle l'artiste a su donner la plus louchante beauté qu'il soit possible de rêver; c'est une sainte Félicité entourée de sept petits enfants blonds et roses qui sourient à la mort et semblent jouer avec elle ; plus loin, sainte Thaïs, enveloppée d'une simple tunique rouge , le regard fixé au ciel , consume sur un brasier ardent ses riches vêtements du monde et du péché ; sainte Ursule et sainte Cécile , rayonnant du double éclat du martyre et de la virginité , sont ravies dans les extases de la contemplation. A