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348                      F.-Z. C0LL0MBET.

 C'est une triste et douloureuse tâche que celle d'enregistrer ces
disparitions successives et précipitées d'hommes si éminents à
 tant de titres ; mais c'est un devoir pour ceux qui leur survivent
 de recueillir leur mémoire, et c'est en même temps la seule
 consolation que l'amitié puisse se permettre sur leur tombe.
 L'on nous saura donc gré de crayonner quelques traits de la vie
du dernier de ces illustres défunts.
    François-Zénon Gollombet naquit le 28 mars 1808 au petit
village de Sièges, dans le Jura. S'il est vrai que la nature de
l'homme s'empreint du caractère des lieux qui lui ont donné le
jour, on peut dire qu'il y avait dans la constitution, la physiono-
mie , le moral même de Collombet quelque chose à la fois de sé-
vère , de grave et de calme qui ressemblait au pays natal. 11 en
avait, du reste, gardé un profond et touchant souvenir. Nous
 l'avons plus d'une fois entendu regretter naïvement de n'avoir pas
choisi la vie des champs au milieu des paisibles habitants de son
hameau plutôt que la carrière des lettres, carrière plus éclatante
sans doute, mais où l'on rencontre bien des préoccupations
importunes et très-souvent d'amères déceptions. Trois mois
avant sa mort, étant à Curis, sur la Saône, en la compagnie
d'un de ses plus intimes amis, et l'aspect des lieux lui rappelant
la pittoresque image des bords de la Bienne, il discourut longue-
ment et avec émotion sur ce berceau de son enfance.
   Dès ses premières années, Collombet manifesta des disposi-
tions peu ordinaires pour l'étude, il était le premier à l'école, au
catéchisme ; un goût naturel semblait le porter vers la culture
de l'esprit. On le voyait sérieux, appliqué, consacrant ses
loisirs à la lecture pendant que ses compagnons volaient aux
amusements de leur âge. Tout livre qui tombait sous sa main
était incontinent dévoré. Une mort prématurée qui lui enleva
sa mère, changea son existence et décida de son avenir. Le
jeune Zenon passa alors sous la tutelle de son oncle, l'abbé
Comte, ancien curé d'Oyonnax et pénitencier de la chapelle de
Fourvières. Il témoigna toujours la plus profonde révérence pour
ce bon oncle. C'était, en effet, un vénérable débris de ce vieux
et héroïque clergé qui sut préférer l'exil et la mort, à une hon-