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                        FRÉDÉRIC OZANAM.                          325
   Il est permis de regretter qu'Ozanam ne se soit pas engagé
dans cette route où on l'invitait, et dont il entrevoyait si bien les
grandes perspectives avec les principaux jalons.
   M. Cousin offrit, en 1839, une chaire de philosophie au nou-
veau docteur ès-lettres, qui ne put accepter cette place parce
qu'il s'était engagé à Lyon pour la chaire de droit commercial.
Ministre de l'instruction publique en 1840, le même M. Cousin
ayant créé le concours d'agrégation pour les Facultés des lettres,
Ozanam y prit part et fut agrégé. L'épreuve de la leçon surtout
lui valut les applaudissements des juges du concours et des au-
diteurs. On entendit M. Cousin l'interrompre et s'écrier avec
admiration : « Ah ! Monsieur Ozanam, est-il permis d'être si
éloquent (1) ! »
   La chaire de littérature étrangère, laissée vacante par la ma-
ladie de M. Fauriel, fut destinée à Ozanam. 11 débuta au mois
de janvier 1841 par un cours sur l'Allemagne au moyen âge,
et professa comme suppléant jusqu'en 1845, où il succéda au
savant historien de la Gaule méridionale, quand celui-ci vint à
mourir. Ozanam eut pour auditeurs M. Cousin lui-même et di-
vers membres de l'Institut et de la Sorbonne. Ému jusqu'aux lar-
mes, il fut admirable d'éloquence. Cette première leçon et les
suivantes, où l'auteur traçait habilement l'ébauche d'une his-
toire littéraire de l'Allemagne, furent saluées plusieurs fois par
les applaudissements des auditeurs. On se pressait autour de la
chaire du professeur pour entendre cette parole jeune et chaleu-
reuse, qui traitait des merveilles du moyen âge avec tant de foi
et de poésie.
   Alors commença pour Ozanam une vie d'abnégation et d'étude.
11 se consacra à cette mission du haut enseignement comme à
un véritable apostolat. Son cours était une réhabilitation du
moyen âge chrétien. Nous ne pouvons que rappeler ces labo-
rieuses années d'un enseignement fécond et varié , où le jeune
professeur parcourut à peu près toutes les grandes phases des

  (1) Clément Gourju, Un souvenir sur le tombeau d'Ozanam , Gazelte de
Lyon, 21 septembre 1853.