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246                  ÉTUDE Slilt FRAYSSINOUS.

s'occupa de son nouvel emploi avec tout le zèle respectueux qu'il
put y apporter. Lorsque ses bons offices devinrent moins né-
cessaires, et que les infirmités furent venues avec les années, il
rentra en France, au mois de septembre 1838, et se fixa en 1839
à Saint-Geniez, dans le Rouergue. Il y attendit paisiblement la
mort et rendit son ame à Dieu, le 12 décembre 1841.
   Ce fut un homme de bien dans toute la force du terme ; il
avait été bon prêtre et éloquent apologiste, il se montra évêque
pieux et digne de son rang. Mgr d'Hermopolis arriva à de grands
honneurs, qui ne l'aveuglèrent pas sur le peu de valeur des choses
humaines ; il ne tint qu'à lui de monter au cardinalat, et il sut
refuser cette dignité. L'espèce même de faiblesse que nous avons
signalée dans le ministre , tenait à un très-honorable côté de
son caractère, la douceur, la bienveillance, la franchise. Seule-
ment, ce n'est pas toujours par ces heureuses qualités que l'on
gouverne avec succès les intérêts du pays.
   Le poète Chênedollé, qui a laissé dans des notes manuscrites
ses jugements sur divers contemporains, parle ainsi de Frayssi-
nous, à la date du 3 juillet 1823 :
    > J'ai vu aujourd'hui l'évoque d'Hermopolis ; c'est un homme
    <
fort en théologie et qui a bien lu son Bossuet, mais il est difficile
d'être plus pauvre en littérature, et il ne s'en doute pas. Ce n'est
pas la conversation de Fontanes ! celle de M. Frayssinous n'a
ni grâce, ni éclat, ni piquant ni nouveauté : c'est une conversa-
tion terne et banale, délayée dans un accent gascon (1). »
    Frayssinous savait, en effet, son Bossuet, et disait qu'il faut
 se nourrir de ce grand modèle. Son éducation classique et ses
 goûts contenus le portaient vers l'étude des auteurs du XVIIrae
 siècle ; il expose très-bien, dans une lettre sur les poésies de
 M. Reboul, de quelle façon il est permis d'innover en littérature;
 et c'est de l'exemple même de Bossuet qu'il se sert. « On a dit,
 écrit-il, que Bossuet s'était créé une langue pour rendre ses idées;
 mais comment fit-il pour y réussir? Pour être profond, tomba-

   (1) Sainte-Beuve, étude sur Chênedollé, dans la Uevue des Doux-Mondes,
 1849. lom. II, pag. 939.