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38 ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. me de mérite et de talent. Ses parents l'y placèrent avec d'autant plus d'empressement qu'on ne voulait pas l'éloigner de la villa de la Mignone qui n'était séparée du collège que par le cours de la Saône. Là les plus heureux dons de la n a - ture ne lardèrent pas à se développer en lui. Doué qu'il était d'un nature! ardent, son imagination rie le portait pas toute- fois au-delà des amusements de son âge. Quoique doux dans son enfance, il avait une certaine opiniâtreté qu'on surmontait en le piquant d'honneur; avec le mot de gloire on obtenait tout de lui. L'injustice exaspérait son caractère, qu'une émotion tendre ramenait facilement. Il avait quelque aversion pour le latin, mais il l'apprit bien vile quand on lui eût fait com- prendre que celte langue ouvre aux enfants les trésors du passé et promène leur esprit et leur cœur sur de beaux sou- venirs et de grands exemples. 11 manifesta une intelligence vive et souple, une mémoire heureuse , un goût prononcé pour l'histoire. Ce fut dans ce genre d'éludés qu'il remporta un premier prix à la fin d'une de ses années scolaires. Doué d'une mémoire excellente, il récitait sans se tromper tout un livre de YEnéide de Virgile. Il se plaisait à la lecture du Tasse. Les Commentaires de César sur la guerre des Gaules étaient son ouvrage de prédilection. E'amour de la gloire se révéla de bonne heure en lui ; il se montrait plein d'enthousiasme pour les morts héroïques, pour la bra- voure des grands capitaines de l'antiquité , dont Plutarque retrace la vie. Ces généreux instincls pouvaient à eux seuls déceler dans l'élève du collège deTlle-Barbe les germes d'un héros, car, vif et disirait, il encourait quelquefois des repro- ches; mais la franchise de son caractère , la droiture de ses sentiments lui assuraient toujours l'indulgence de ses maî- tres. Cette indulgence était d'autant plus facile à obtenir, que des succès marqués continuaient à le signaler dans ses classes. Il remporta plusieurs prix en seconde et en rhéto-