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ÉLOGE DE LOUIS-GABRIEL SUCHET. 33 irrésistible. Elle connaissait leurs noms ; elle redoutait leur génie et la suprématie politique que leurs grandes actions promettaient à la France. Dans cette foule de guerriers qui devaient être plus tard l'objet du discernement de Napoléon , l'ornement de son règne , l'orgueil de nos annales et l'admiration du monde , on observait, avec élonnemenl , un héros qui , prenant place parmi cette pléiade de grands capitaines , attirait tous les regards. Ardent au combat , général consommé , quoiqu'à peine sorti de l'adolescene, il était un des pro- moteurs de ce système d'offensive continue. Modeste et simple , guidé par la prudence , s'occupant sans relâche de la patrie, ne connaissant que le devoir et sa propre estime , il fuyait les applaudissements et illustrait son pays et son époque , sans se douter de sa propre gloire. Son nom est devenu comme le symbole de la générosité , du courage et de la prudence. Nulle autre renommée n'offre le môme attrait , ne présente ce rare concours de vertus , cet idéal du caractère antique dont nous admirons les modèles dans Plutarque ; aucun autre capitaine n'a laissé soit parmi ses concitoyens , soit parmi les ennemis qu'il eut à com- battre , une mémoire plus pure et plus digne de l'intérêt de l'histoire. Cet intérêt s'attache à toutes les circonstances de sa vie , et l'on aime à remonter jusqu'à son berceau. PREMIÈRE PARTIE. Suchel naquit à Lyon , sur la paroisse de Saint-Saturnin , le 2 mars 1770 ; il devait le jour à l'union de Jean-Pierre Suchet et de Marie-Anne Jacquier. Son père descendait de l'une de ces anciennes familles bourgeoises, originaires de 3