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SUR LE K. P. LACORDAIRlï. 271 se scandalisa hautement de ce qu'on semblait par d'amères paroles l'exclure de ce parti catholique nouvean qui se for- mail sur les ruines de la monarchie déchue : il blâma avec éner- gie des injures adressées, dans ce journal, à des princes mal- heureux; il y critiqua vivement des diatribes sanglantes contre la Restauration, qui semblaient empruntées à l'école révolution- naire la plus avancée. Enfin,le haut clergé releva dans l'Avenir, sous le rapport du dogme, de ces exagérations dans le vrai qui ressemblenlsiforlà des erreurs, de ces idées qui auraient pu lout au plus être admises comme contingentes et relatives, et qui devenaient fausses, dès qu'on prétendait les imposer sous une forme absolue et tranchante. Mais, d'un autre côté, il y avait dans la plupart des rédacteurs de l'Avenir, des intentions si pures, une bonne foi si parfaite, des formes de style si bril- lantes, que l'on était disposé à leur pardonner beaucoup, même lorsqu'on se sentait blessé jusqu'au cœur par leurs sarcasmes acérés. L'Avenir eut d'orageuses destinées. Des articles de MM. de La Mennais et Lacordaire furent poursuivis au commencement de l'année 1831. Le premier fut défendu par M. Janvier. L'abbé Lacordaire se défendit lui-même : il déclara qu'il avait pour devise, Dieu et la liberté. Son court et éloquent plaidoyer sembla être en effet k: développement de celle devise. MM. de La Mennais et Lacordaire, qui étaient tous deux en cause, furent acquittés l'un et l'autre après de vifs débats. Dans le cours delà même année 1831, MM. Lacordaire, de Coux et de Montalembert ouvrirent une école sans autorisation du gouvernement;ils pensaient que, d'après l'article 69 de la charte nouvelle, qui promet la liberté de l'enseignement, lout citoyen avait le droit d'enseigner et de faire des cours publics ; la liberté ne se règle pas, elle se proclame, a dit M. de Lamartine. Dans tous les cas, il était utile de faire juger cette question, pour savoir si l'on pouvait user d'une liberté qu'on disait conquise par la révolution de juillet. M. de Monlalem-